Rencontre à Paris avec Louise Poulin - propos recueillis par Arnaud Berger


"Immerge-toi  complètement dans la pratique, dans la déité"

Résidente du Canada, Louise est une pratiquante du tantra de Kalachakra depuis de nombreuses années. Elle guide une pratique hebdomadaire du gourou yoga de Kalachakra en ligne au Centre de Paris.

Comment t’es-tu retrouvée dans le bouddhisme ?
À quinze ans j’ai écrit sur un bout de papier : « Un jour je vais rencontrer le Dalaï-Lama ». 30 ans plus tard, j’y suis arrivée. 

J’ai grandi dans une famille qui m’a transmis une vision bienveillante et compassionnelle du monde. Mes parents étaient très impliqués dans le mouvement coopératif et communautaire. Formée en arts de la scène, j’ai évolué dans ce milieu en m’impliquant dans l’accès à la culture pour tous.

Quand j’étais jeune, des lectures m’ont amené au bouddhisme : Carl Jung, Krishnamurti, le lamrim, les Maitres de Nalanda et les écrits du Dalaï-Lama. On trouvait curieux que je ne lise jamais de romans. À 20 ans, un collègue m’a introduite à la méditation. 

Ma première retraite de méditation a eu lieu au monastère Gampo fondé par Péma Chodron au Cap Breton, dans l’est du Canada. En 2004, j’avais 45 ans lorsque le Dalaï-Lama est venu au Canada (à Toronto) pour accorder l’initiation de Kalachakra. C’était la première d’une série de plus de dix rencontres avec Sa Sainteté. À Gampo, on m’avait préparé en me suggérant des lectures : Jeffrey Hopkins, Alex Berzin et Thubten Jinpa. Depuis, Kalachakra est devenu ma seule pratique. 

À Montréal, aucun centre bouddhiste n’enseignant le Kalachakra, je joins alors la seule institution d’enseignement en Amérique, le Monastère Namgyal du Dalaï-Lama à Ithaca dans l’État de New York. Sa Sainteté supervise notre groupe d’étude et donne les grandes lignes de la pratique chaque année. On l’a rencontré trois fois. On a aussi eu la chance d’étudier pendant deux ans avec Guéshé Drakpa. Avant la pandémie, on faisait annuellement la grande retraite du Mandala du corps, de la parole et de l’esprit, accompagné des moines de Dharamsala qui y construisaient le Mandala de sable de Kalachakra.

Liée d’amitié avec Thubten Jinpa (le traducteur principal de Sa Sainteté le Dalaï-Lama), mon voisin à Montréal, nous avons travaillé à accueillir au Canada la Mind & Live Conference (réunissant les neuroscientifiques et les bouddhistes). Matthieu Ricard s’était également impliqué. Malheureusement, on a « déménagé » la conférence à Dharamsala, pour cause de santé de SSDL. C’est dans ce cadre que j’ai eu une audience avec Sa Sainteté. Je ne savais pas quoi lui demander et Matthieu Ricard m’a conseillé de poser une question qui soit la plus ouverte possible. Ma question était : « Qu’est-ce qu’une étudiante doit savoir du Kalachakra ? »  Il a répondu : « La forme est vacuité et la vacuité est forme, voilà ce qu’est le Kalachakra ». Puis il a parlé pendant une demi-heure.


Et comment s’est fait le contact avec le centre ? 
C’est à Bodhgaya (Inde) 
en 2017, lors de l’initiation de Kalachakra par SSDL où notre groupe de Namgyal se trouvait tout à côté de votre groupe du Centre Kalachakra. Quel hasard ! On était 250 000. Je me suis présentée à Vénérable Élisabeth qui m’a gentiment invitée : « Si tu viens à Paris, viens nous voir » ! Mon plus grand bonheur a été l’accès à des textes en français. 

Pendant la pandémie, lors d’une audience sur Zoom, Sa Sainteté nous a enseigné que « le monde vit une grande détresse, allez-y avec votre cœur ». Thubten Jinpa m’a recommandé le  “Cultivating Compassion Training” qu’il a créé à la Stanford University. Depuis, j’ y enseigne toutes les semaines. Parfois Jinpa se joint à nous.  

Et qu’est-ce que tu fais avec le centre ? 
Alors que j’annonçais à Vénérable Élisabeth que je passerai deux mois à Paris pour y rédiger un livre sur la méditation, elle m’a dit : « J’ai une bonne nouvelle pour toi, Jhado Rinpoché vient à Paris pour donner l’initiation de Kalachakra. Tu te joins à nous ? »  

Que vous ayez reçu l’initiation à Paris par un très grand maitre est fantastique. La puissance de l’initiation vous donne la force de Kalachakra, la pureté infinie que vous incarnez progressivement. Kalachakra est la mère de tous les tantras. 

Sachant qu’on doit pratiquer régulièrement après avoir reçu l’initiation, on a discuté avec Vénérable Elisabeth et on s’est dit, “pourquoi ne pas commencer dès maintenant” ? Ainsi, j’anime la pratique sur zoom chaque mercredi. De plus, Christian Fisher va guider à Saint-Cosme une retraite sur le Guru Yoga, puis une longue retraite du Mandala de l’esprit en 6 semaines en octobre. Par la suite, il dirigera la pratique hebdomadaire sur Zoom.

J’encourage vraiment les participants de Kalachakra à s’inscrire aux retraites. La retraite, c’est la base pour comprendre la déité, pour l’incarner. Alors, la pratique hebdomadaire sur zoom prend tout son sens. Il ne faut pas penser tout comprendre tout de suite. Encore aujourd’hui après toutes ces années, il y a des choses que je découvre, des choses qui s’ouvrent. 

Un mot de la fin ?
Immerge-toi complètement dans la pratique, dans la déité. C’est très puissant. Merci de me donner cette opportunité de pratiquer avec vous. 

Voir le Kalachakra Info (Paris) - été 2023